L’utilisation des matériaux biosourcés est de plus en plus plébiscitée dans le secteur du bâtiment et de la construction. En cause notamment, la volonté des pouvoirs publics de décarboner le parc immobilier français en imposant aux acteurs du secteur un cahier de charges de plus en plus poussé sur la consommation d’énergie des bâtiments construits ou rénovés. La RE2020 en est la dernière illustration. Cette réglementation vise entre autres choses, à promouvoir l’utilisation des matériaux biosourcés dans les nouvelles constructions. Examinons les implications de cette réglementation et la façon dont elle peut encourager les professionnels du secteur à construire des bâtiments plus durables et écologiques.
Qu’est-ce que la RE2020 ?
La RE2020 est une nouvelle réglementation environnementale applicable depuis le 1er janvier 2022 après avoir été plusieurs fois repoussée du fait notamment de la crise sanitaire. Cette réglementation impose notamment des exigences plus strictes en matière d’isolation et de chauffage des bâtiments neufs. La RE2020 vise également à diminuer la consommation d’énergie des bâtiments existants en favorisant les rénovations énergétiques. Enfin, elle prévoit l’utilisation obligatoire de matériaux biosourcés pour certains types de construction. Par ces nouvelles orientations, la RE2020 vise notamment 3 grands principes :
- favoriser la sobriété et l’efficacité énergétique ;
- réduire l’impact carbone des bâtiments sur l’ensemble de leur cycle de vie en encourageant notamment le recours aux énergies renouvelables et aux matériaux biosourcés ;
- assurer la fraîcheur des bâtiments en période de forte chaleur.
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Qu’entend-on par matériaux biosourcés ?
Les matériaux biosourcés sont des matériaux naturels réalisés à partir de produits biologiques. Ils peuvent être divisés en trois grandes catégories : les biomasses, les déchets organiques et les produits agricoles.
Les matériaux issus de la biomasse
Les biomasses constituent une importante source de matières premières pour la fabrication de matériaux biosourcés. Elles se subdivisent en trois catégories à savoir :
- la biomasse végétale (bois, canne à sucre, coton, chanvre, lin) ;
- la biomasse animale (laine, os, cornes, poils) ;
- la biomasse microbienne (levure, algues).
La plupart des biomasses sont renouvelables et peuvent être utilisées pour fabriquer des matériaux durables tels qu’entre autres le bois composite, le liège ou le chanvre.
Les matériaux issus de déchets organiques
Les déchets organiques représentent également une importante source de matières premières pour la fabrication de matériaux biosourcés. Les déchets organiques comprennent notamment :
- les déchets alimentaires (fruits et légumes non consommés, coquilles d’œufs, etc.) ;
- les déchets ménagers (papier, carton, plastique, verre, etc.) ;
- les déchets agricoles (restes de culture).
Certains de ces déchets peuvent être transformés en matériaux biosourcés tels que le caoutchouc recyclé ou le papier à base de cellulose.
Les matériaux issus de produits agricoles
Enfin, les produits agricoles représentent une autre source importante de matières premières pour la fabrication de matériaux biosourcés. Les produits agricoles comprennent le blé, le maïs, le soja et d’autres céréales qui peuvent être transformés en farines biologiques ou en amidons végétaux. Ces substances peuvent ensuite être utilisées pour fabriquer des produits durables tels que des emballages à base de plantes ou des revêtements textiles bio-sourcés.
Quels sont les matériaux biosourcés courants utilisables pour la construction et la rénovation ?
A partir de cette classification, on constate qu’il existe une grande variété de matériaux biosourcés courants qui peuvent être utilisés pour la construction et la rénovation. Parmi eux, on peut citer notamment le bois, le bambou, les fibres naturelles, la ouate de cellulose, le liège, la laine, le chanvre ou encore le lin. Ces matériaux sont tous renouvelables, avec de bonnes performances thermiques et peuvent donc être recyclés ou réutilisés principalement pour l’isolation. La RE2020 insiste en effet lourdement sur la performance des isolants à utiliser avec des coefficients de résistance thermique R encore revus à la hausse par rapport à la dernière réglementation en date, la RT2012. L’objectif est alors de conserver la chaleur dans les bâtiments en hiver et de la retenir hors du bâtiment en été, en période de forte chaleur. Les matériaux biosourcés présentent alors de nombreux avantages par rapport aux matériaux conventionnels, notamment une meilleure isolation thermique et acoustique, un meilleur confort d’utilisation et une plus grande durabilité.
Pour quels types de travaux utiliser des matériaux biosourcés ?
Les matériaux biosourcés peuvent recouvrir différentes applications dans le cadre de la RE2020.
L’isolation
Comme nous venons de le voir, les matériaux biosourcés sont particulièrement utilisables pour isoler les nouvelles constructions ou dans le cadre d’une rénovation énergétique, notamment en vue d’améliorer le confort des occupants, surtout en période de forte chaleur. L’isolation est en effet la clé de voûte de la performance thermique et énergétique d’un bâtiment.
Le chauffage
En plus de l’isolation, les matériaux biosourcés ont également de plus en plus leur place pour les systèmes de chauffage domestiques. Sont ainsi mis en avant par les nouvelles réglementations les chauffages utilisant des énergies renouvelables ou des combustibles “propres” comme notamment :
- le bois qui est le combustible le moins cher du marché et qui a une grande capacité à retenir les émissions de CO2 tout au long de son cycle de vie. Le bois peut ainsi être utilisé avec un poêle à granulés ou un poêle à bois bûche ;
- l’air, l’eau ou la terre utilisés avec une pompe à chaleur réduisant ainsi fortement la consommation énergétique des bâtiments ;
- les rayons solaires avec l’installation de panneaux solaires thermiques ou photovoltaïques permettant de produire du chauffage et de l’eau chaude sanitaire ;
- le biométhane, s’il n’est pas encore intégré à la RE2020 devrait permettre à terme une utilisation des chaudières à condensation.
Ces différents moyens de chauffage peuvent même être utilisés de concert pour parvenir à des bâtiments intégralement autonomes en énergies et qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en dépensent (bâtiments à énergie positive dits BEPOS), ce qui est un des objectifs principaux à terme de la nouvelle réglementation. Les matériaux biosourcés sont en effet considérés comme plus respectueux de l’environnement, car ils réduisent la quantité de produits chimiques et de dioxyde de carbone nécessaires à leur fabrication ainsi qu’à leur combustion pour le chauffage. Ils s’inscrivent ainsi dans la volonté de réduire drastiquement les émissions de GES (gaz à effet de serre) grâce à leur capacité à limiter ces émissions tout au long de leur cycle de vie. La RE2020 fixe ainsi à 4kgs de CO2/m²/an le seuil d’émission maximal autorisé pour les maisons individuelles nouvellement construites.
La construction
Enfin, des matériaux biosourcés écologiques tels que les panneaux de liège, la paille, le bois, la terre cuite et le plâtre sont également très populaires pour la construction. Ils fournissent une isolation naturelle et une protection contre les intempéries, ce qui permet d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Cette éco-conception globale (dès la phase de fondations du bâtiment) doit en effet permettre de réduire les besoins en énergie primaire, notamment pour le chauffage et la climatisation. L’éco-conception doit ainsi donner lieu à une réduction de la consommation totale d’énergie du bâtiment à maximum 100 kW/h par m² et par an dont 12 kW/h par m² et par an uniquement pour le chauffage.